Han Kang, née en 1970 à Gwangju, a déménagé à Séoul à l'âge de neuf ans. Elle a commencé sa carrière en 1993 avec des poèmes, suivis par son premier recueil de nouvelles en 1995. Son roman La Végétarienne (2007) publié en France au Serpent à plumes puis au Livre de Poche, récompensé par le Man Booker Prize International en 2016, marque un tournant international, dépeignant les conséquences de la rébellion de son héroïne, Yeong-hye, face aux normes alimentaires. Cette décision entraîne des réactions violentes de son entourage, culminant dans son internement psychiatrique et une plongée dans une psychose symbolisée par des « arbres en flammes ».
L'oeuvre de Han Kang : poésie de la fragilité et des traumatismes historiques
Son œuvre explore des thèmes de la douleur et de la transformation, comme dans The Wind Blows, Go (2010), qui aborde l'amitié et la créativité. Dans Human Acts (2014), elle évoque le massacre de Gwangju en 1980, donnant une voix aux victimes et abordant la littérature de témoignage. Son style singulier permet aux âmes des défunts de témoigner de leur propre annihilation. "L'oeuvre de Han Kang se caractérise par cette double exposition de la douleur, une correspondance entre le tourment mental et le tourment physique, en lien étroit avec la pensée orientale", a précisé l'Académie suédoise.
Son dernier roman Impossibles adieux (traduit du coréen par Kyungran Choi et Pierre Bisiou) publié chez Grasset avait remporté le Prix Médicis étranger en 2023. Dans Impossibles adieux Han Kang nous transportait entre la Corée du Sud contemporaine et sa douloureuse histoire. Un hommage à l’amitié, une célébration de l’imaginaire et un puissant réquisitoire contre l’oubli, mettant en lumière une mémoire traumatique enfouie.
Han Kang est la première sud-coréenne à remporter le Prix Nobel de littérature.
Laetitia Joubert