Moi qui n’ai pas connu les hommes : le roman dystopique d’une écrivaine aujourd’hui disparue
Jacqueline Harpman est écrivaine et psychanalyste belge. Née en 1929, auréolée du prix Médicis en 1996 pour Orlanda, disponible au Livre de Poche, elle est l’autrice de près de trente livres dont Moi qui n’ai jamais connu les hommes qui paraît en 1995 chez Stock. Le livre vient d'être réédité par la maison. Jacqueline Harpman est décédée en 2012.
Moi qui n’ai pas connu les hommes est un roman dystopique qui raconte l’histoire d’une communauté de 40 femmes enfermées dans une cave, où elles vivent sans lumière naturelle, encadrées par des gardes muets et impassibles. Elles mangent, elles dorment, elles discutent ensemble mais n’ont pas le droit de se toucher. Parmi elle, la narratrice, surnommée « la petite », est une adolescente au moment où commence le récit. Arrivée enfant dans la cave, sans souvenir et seule à ne pas avoir connu le monde extérieur, elle est dotée d’une intelligence aiguë. Un jour, un événement survient qui permet au groupe de femmes de sortir de leur enfermement. Une nouvelle vie commence, nomade puis sédentaire, à la recherche d’âmes qui vivent et de sens. La narratrice décrit cette vie singulière qu’elle mène avec ses congénères, devenant l’une des meneuses du groupe. Pourquoi ont-elles été enfermées ? Sur quelle planète vivent-elles et existe-t-il d’autres survivants ? Comment mener une vie sans homme, sans famille et en dehors de toute civilisation ? Quel sens est à donner à tout cela ou comment le trouver, l’inventer ? Sur fond de monde postapocalyptique, Moi qui n’ai pas connu les hommes met en avant de multiples questions existentielles et interroge le pouvoir de l’imagination, de la connaissance et de la transmission.
Moi qui n’ai pas connu les hommes, une dystopie devenue phénomène littéraire
Alors que le roman paraît initialement en 1995, il est redécouvert pendant le confinement, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis d’abord, grâce à Tik Tok et de nombreuses Booktokeuses qui en font l’éloge. Moi qui n’ai pas connu les hommes se révèle comme une allégorie de ce que le monde est en train de vivre pendant la pandémie de Covid. Le roman est réédité dans les deux pays anglo-saxons et c’est toute une jeune génération de lectrices qui s’en empare depuis. En France, le livre vient d’être réédité aux éditions Stock. Souvent comparé à La Servante écarlate de Margaret Atwood, Moi qui n’ai pas connu les hommes est devenu un phénomène littéraire international, avec près de trente traductions en cours dans le monde et une adaptation au cinéma à venir.
