Une vie au service de la liberté
Né le 28 janvier 1936 à Gjirokastër, dans le sud de l'Albanie, Ismail Kadaré, fraîchement diplômé de l'institut Gorki à Moscou, emprunte d'abord les voies du journalisme et publie simultanément ses premiers poèmes. Nous sommes alors en 1960, où la rupture avec l'Union soviétique l'oblige à revenir dans son pays natal. En 1963, il publie son premier roman, Le Général de l'armée morte, qui le propulse sur la scène littéraire. Désormais écrivain à temps complet, Ismail Kadaré inscrit l'Albanie sur la carte mondiale de la littérature, alors même que le pays, sous la dictature communiste et répressive d'Enver Hoxha, est hermétiquement clos.
Romans, essais, nouvelles, poèmes, pièces de théâtre ou encore scénarii : l'oeuvre d'Ismail Kadaré, à la fois prolifique et protéiforme, avait pour ambition de "faire une littérature normale dans un pays anormal". En choisissant toujours l'Albanie comme décor à ses écrits, l'auteur invite son lecteur à découvrir ce pays des Balkans, tout en faisant de sa plume une arme contre le totalitarisme et la tyrannie. En écrivant au service de la liberté, Ismail Kadaré laisse dans son sillage une oeuvre dont les mots résonnent encore aujourd'hui.
Une figure littéraire reconnue, en Albanie et dans le monde
À la suite du décès d'Ismail Kadaré le 1er juillet 2024, l'Albanie a observé deux jours de deuil national en hommage à l'auteur, qualifié par le Premier Ministre du pays Edi Rama comme le "plus grand monument de la culture albanaise". En France également, la disparition de l'auteur a suscité une vive émotion, et pour cause : après avoir obtenu l'asile politique de la part de Paris en 1990, l'écrivain albanais a partagé le restant de sa vie entre les deux pays. Il est même fait Chevalier de la Légion d'Honneur en 2023, par Emmanuel Macron.