L’auteur en un clin d’œil :
Lauréat du prix Goncourt en 1982 pour Dans la main de l'ange Grasset), Dominique Fernandez a été élu à l’Académie française en 2007. On lui doit plus de quarante ouvrages en cinquante ans de carrière. Lire la biographie de Dominique Fernandez.
Pourquoi on aime "Transsibérien" :
28 mai 2010. Dominique Fernandez - et une vingtaine d’autres écrivains, journalistes, photographes et acteurs, tous français ou russes - pose ses bagages dans l’une des étroites couchettes du mythique Transsibérien. Au programme : 9 288 kilomètres de rails et trois semaines dans l’immensité russe.
Accueil en fanfare sur le quai de la gare de Moscou, visite des plus grandes villes du périple, tables-rondes et rencontre avec des étudiants locaux : les organisateurs ont tout prévu. Mais Dominique Fernandez ne semble pas conquis : "l’immanquable directrice" du programme et son amour des visites au pas de course l’irrite et le frustre. Il choisit donc de s’échapper.
Loin de n’être qu’un carnet de route, Transsibérien devient alors un journal intime. Entre deux étapes, Dominique Fernandez évoque ceux qui l’inspirent - Dumas, Gorki, Tolstoï, Dostoïevski ou Ivan le Terrible -, s’interroge sur les limites de son métier, se souvient de la Russie d’hier et constate, en traversant la troisième classe du train au pas de course, que, "le clivage social et la séparation entre une nomenklatura de voyageurs aisés et un prolétariat d’esclaves restent plus tranchés que jamais". Le capitalisme a défiguré la place Rouge, la transformant en "un mixte de Champs-Elysées, de Galeries Lafayette à la veille de Noël et de Las Vegas", sans pour autant sortir la Russie de sa misère. Le constat est amer et nostalgique.
La page à corner :
"Si intéressantes que soient les villes où l’on s’arrête, le voyage en Transsibérien, c’est d’abord le spectacle d’une nature dilatée à perte de vue et constamment dans son état sauvage. […] Ici, pas de détail qui retienne plus qu’un autre ; on ne détaille pas la taïga, on se laisse prendre, envoûter, annihiler par la succession indéfiniment répétée de l’identique. Il faudrait un poète comme Baudelaire pour rendre cette impression d’être dépossédé de soi-même par le recommencement ininterrompu du beau et la rumination symphonique de l’absolu." (p. 155)
Lu dans la presse :
"Transsibérien est une promenade et une rêverie, dont certaines pages sont très belles, d'autres très drôles, et qui néglige à dessein le reportage ou l'analyse." Nils C. Ahl, Le Monde.
"Ici et là, il est d’abord question d’un retour sur soi, d’un souvenir ranimé, d’une pensée qui cherche à comprendre l’aujourd’hui par l’hier. La dictature stalinienne, le communisme, maintenant la mondialisation, les affiches publicitaires, les jeux vidéo." Thomas Stélandre, Le Magazine Littéraire.
Emma Aurange