On y verra l'historien préciser ses méthodes et privilégier de plus en plus l'histoire politique et conceptuelle par rapport à l'histoire économique et sociale - sans ostracisme pourtant. On y verra l'intellectuel décliner ses goûts littéraires et philosophiques, se faire le commentateur de Rousseau, Chateaubriand, Constant, Tocqueville. Enfin, à travers de superbes portraits de Jaurès, Blum, Malraux, on découvrira un véritable écrivain.
Le genre de la collection d'articles est généralement guetté par la dispersion et le disparate. Ce livre-ci y échappe. Le problème qui est mille et une fois abordé, à travers tant de sujets divers ( politique, phénomène communiste, Amérique, Israël, vie intellectuelle), c'est la dérive de l'espérance révolutionnaire, devenue sous la Révolution française un mauvais rêve, et au XXe siècle un gigantesque cauchemar. Et c'est aussi, en dépit de tous les démentis de l'histoire, la résistance de cette espérance, l'obstination mise par les hommes, et par les intellectuels surtout, à ravauder leurs croyances pour protéger leurs illusions.
François Furet a constamment cherché, quelque désespérant que soit le spectacle, à ne pas l'escamoter : l'histoire lui servait à ne pas se raconter d'histoires."
Mona Ozouf L'auteur
Historien de réputation internationale, François Furet est décédé en juillet 1997. Ses deux derniers ouvrages parus : Le Passé d'une illusion (Robert Laffont/Calmann-Lévy, 1995) et Fascisme et Communisme (en collaboration avec Ernst Nolte, Plon, 1998). Le préfacier
Co-auteur du Dictionnaire critique de la Révolution française avec François Furet, Mona Ozouf était sa plus proche complice intellectuelle et amicale. Dernier ouvrage paru : La Muse démocratique (Calmann-Lévy, 1998, Prix de l'essai de l'Académie française).
