Le sort bienveillant m'a désigné pour recevoir de MyBoox le second tome de la saga Bâ. Je me suis empressé avant de l'entamer, de relire le premier paru en 2003 (Fayard / Stock). Ils pourraient s'intituler, le premier : "Madame Bâ, du Mali vers la France" et le second : "Madame Bâ, le retour". Je vous laisse imaginer le titre du suivant... Un troisième tome ? Ce qui signifierait que Madame Bâ est immortelle... Cette hypothèse n'est pas totalement exclue !
Les aventures de Madame Bâ, tous tomes confondus, ont un style : la truculence. Il est le fruit d'un écrivain qui exprime son "gai savoir" par le "gai écrire" mais derrière la pétulance et la drôlerie se cache une critique sévère de l'état du monde en général et de l'Afrique en particulier.
Elle n'épargne rien, illustrant au fil de courtes scènes toutes les avanies que subit le continent noir : la surpopulation qu'encouragent des religions hostiles à la contraception, la misère qui fait le lit des pires transgressions, la corruption qui détruit l'économie, l'an-alphabétisation (notamment des femmes ) qui alimente le tout... Ah, j'oubliais : le pillage du Sud par le Nord !
Le glissement de la gouaille à l'éreintage est permanent ; derrière chaque situation, chaque anecdote, chaque réplique... Il devient de plus en plus sensible au fur et à mesure d'une histoire personnelle qui, du premier tome au second, rejoint l'Histoire en marche. D'héroïne pittoresque de roman, Marguerite Bâ désormais grand-mère (et plus) devient héroïne tout court, Jeanne d'Arc africaine prête à bouter hors du Mali tous ceux qui, du Sahel (djihadistes, rebelles et trafiquants confondus ; au nom de la charia, du tribalisme et d'intérêts mafieux entremêlés) apportent le malheur dans son pays - qui en est déjà suffisamment pourvu !
Le flux permanent de l'actualité, les discours les éditoriaux les essais qu'elle suscite nous ont sensibilisé depuis quelques années aux dangers fomentés en ce point chaud du globe. Erik Orsenna essayiste des "Petits précis de mondialisation" a choisi le roman pour dire en toute liberté l'extrême complexité de la situation, usant de la bonne alchimie pour fondre le matériau en fusion et le servir transformé avec une réjouissante impertinence dans la forme et une roborative pertinence sur le fond.
Vous êtes ici
Onglets livre
à voir
A lire aussi
Après le succès de La commode aux tiroirs de couleurs , Olivia Ruiz est de retour ce 11 mai en librairie avec un deuxième roman : Écoute la pluie...
Serena Giuliano a reçu le Prix des Lecteurs U pour son roman Luna . Elle succède à Anne-Gaëlle Huon, lauréate 2021, avec son roman Les Demoiselles .
Line Papin signe son retour à l'autofiction avec Une vie possible (Stock), où l'expérience de ses deux grossesses interrompues réveille son...
Avis des lecteurs
3/5
Note moyenne obtenue sur :


