Vos envies de lecture commencent ici

NEWSLETTER
À paraître

L'odeur de l'ennemi

Fabriquer la haine de l'Autre

Juliette Courmont

Acheter au format
Commander selon votre format
Papier19,90 €Numérique14,99 €

La Grande Guerre a manifesté de grands progrès dans l'art de tuer et  de conduire à la haine absolue de l'autre. En témoignent  les rumeurs et  les  théories qui ont circulé  sur l'odeur des Allemands. Cet ouvrage collecte les signes  de cette intolérance dans les sources d’époque : presse, lettres et témoignages de combattants. Ces préjugés seront corroborés par un savant d'alors, le Docteur Edgard Bérillon. Les explications  associent «  caractères de race  », alimentation spécifique, malignité intrinsèque du caractère, sudation surabondante, etc. Au-delà, ce livre montre comment la «  science  » contribue à alimenter la  détestation de l'autre.

Dès la première année de la Grande Guerre, l’idée se répand chez les Français qu’une odeur nauséabonde accompagne l’ennemi. Présente dans le sillage des troupes, elle imprégnerait les lieux occupés par les Allemands et, pour certains, elle infesterait même leurs cadavres. 
Aberrante au premier abord, la dénonciation olfactive de l’ennemi est trop présente pour être mise sur le compte de l’égarement de quelques-uns. On mesure à la lecture d’écrits intimes, de correspondances et de la presse que la puanteur allemande n’est pas un objet de propagande, mais un préjugé ancré auquel le monde scientifique apporte sa caution. 
En effet, s’appuyant sur des enquêtes et des comparaisons de prélèvements, le Docteur Edgar Bérillon interprète le mystère de la mauvaise odeur allemande comme le résultat d’une absence de contrôle des affects entraînant une sudation surabondante. Il s’agit, selon ce médecin reconnu, d’un caractère de race qui trahit l’essence animale de l’adversaire. Une « racialisation » du conflit se met en place dont la rhétorique va prospérer pendant tout le XXe siècle. 
Ce livre original apporte ainsi une contribution importante à une anthropologie historique de l’altérité, voire de la haine.