Loin de ceux qui se lamentent sur la disparition supposée du tissu social comme de ceux qui plaident pour le retisser à partir de l'enracinement communautaire, François de Singly analyse avec une attention fine les changements survenus depuis quarante ans afin d'en discerner le sens.
Ce livre propose une analyse des quatre principales crises : celle de la transmission ; celle de la stabilité ; celle des normes ; celle de la raison. Et il montre l'apparition d'un nouveau rapport au passé et à l'héritage, d'une nouvelle identité plus fluide, de nouvelles normes plus psychologiques, et enfin d'une place plus grande accordée à l'affection. Il estime que nous sommes dans la seconde période de la modernité caractérisée par le passage progressif de l'universalisme dit " abstrait " (les individus sont avant tout citoyens) à un universalisme « concret ». Les individus ne veulent plus être perçus sous une seule dimension identitaire : les élèves ne veulent pas être qu'élèves ; les malades pas être que malades, etc. L'individu veut rester multidimensionnel.
Les réponses proposées ne se situent ni du côté de la nostalgie « républicaine », ni du côté des demandes de « communautarisme » et d'enracinement. La modernité avancée dans laquelle nous vivons ne peut régler ses problèmes ni par le retour à la société traditionnelle où dominent les communautés, ni par la simple mise en oeuvre du programme des débuts de la modernité. Les réponses consistent dans la conciliation des exigences de l'égalité - fondatrice de l'émancipation des individus - et des exigences de la différenciation - fondatrice de l'originalité de chacun. L'idéal du lien social oscille entre l'amitié et la convivialité avec des proches, et le respect mutuel entre tous, y compris entre inconnus.
Ce livre répond ainsi aux sentiments d'incertitude, d'inquiétude, et d'insécurité de nos contemporains, en démontrant que les repères existent pour inventer de nouvelles manières d'être ensemble.