C'est avec intrigue et bonheur que j'ai ouvert la première page de ce livre. Intrigue, car je ne connaissais pas Helena Rubinstein : ni la femme, ni la marque de cosmétiques pourtant mondialement célèbre. Bonheur, car je suis friande de tout ce qui touche à la mode ; quelle qu'elle soit ; de la première moitié du XXe siècle. Et que ce livre me semblait être dans la lignée du livre sur Madeleine Vionnet que j'avais beaucoup apprécié. Voilà donc ce qui m'a poussé a me présenter pour ce partenariat proposé par les éditions Grasset.
Michèle Fitoussi nous dresse avec sincérité le portrait de ce petit bout de femme, Helena Rubinstein, née en 1872 en Pologne, à une époque où les femmes sont au foyer et n'ont que peu de chance et de moyens d'en sortir. C'est pourtant ce qu'elle va réussir en rejetant les nombreux prétendants que lui propose son père et en s'exilant en Australie avec 12 petits pots de crèmes que lui confie sa mère afin qu'elle prenne bien soin de sa peau là-bas. Ainsi, et tout au long du récit, le lecteur découvre une femme ambitieuse mais craintive ; indépendante mais tellement possessive envers les siens ; timide mais tyrannique. Helena Rubinstein, c'est tout et son contraire à la fois et Michèle Fitoussi le raconte parfaitement.
A noter que j'ai particulièrement apprécié le livret de photographies au milieu de l'ouvrage.
Ce livre est également intéressant car, en plus de décrire un destin, il est une vitrine des époques que traverse Madame ; le surnom dont elle sera très vite affublée. Ainsi on découvre l'émancipation forcée des femmes durant la première guerre mondiale faute de main d'oeuvre masculine, puis leur retour aux foyers dès la fin du conflit. Ce qu'Helena Rubinstein va leur prouver, c'est que "La beauté, c'est le pouvoir" et c'est ainsi qu'elle va vendre ses crèmes facilement, même en temps de crise, comme ce fut le cas en 1929.
Pour résumer, j'ai réellement apprécié cette lecture et ce destin qu'est celui d'Helena Rubinstein. Ce femme s'est très vite retrouvée dans un cercle vicieux : le travail lui a permis d'échapper aux tourments de sa vie mais il a aussi détruit ses relations familiales intimes, notamment avec son premier mari et ses deux enfants. Cette femme avide de pouvoir va perdre beaucoup de monde a cause de son caractère dur, de sa froideur apparente. Et pourtant, quand elle aimera, ce sera excessivement ; de même quand elle fera preuve de gentillesse au point d'aider financièrement chacun des membres de sa famille, proche ou éloigné.
Et peut-être que seul un caractère comme celui-ci était capable de créé un tel empire.