Catherine Robbe-Grillet, l’épouse du grand romancier, a été l’une des plus grandes maîtresses du sadomasochisme au XX e siècle. Dans Cérémonies de femme , son deuxième livre, paru chez Grasset en 1985 sous le pseudonyme de Jeanne de Berg, elle raconte, avec un grand souci du détail et du style, quelques-unes des soirées les plus mémorables de sa longue carrière de dominatrice. Au cours de cette plongée au plus profond du désir, la maîtresse construit, à coup de fouet et d’humiliation, une théorie du sadisme au féminin.
On la suit dans la mise en place méticuleuse de ses « tableaux », on l’écoute réfléchir sur le sens de ces pratiques. Quelle est la mystérieuse jouissance que l’on vient chercher dans les supplices ? Dans quelle mesure peut-elle qualifiée de création esthétique ? Dans cette mise en scène sexuelle, les rôles assignés de maître et d’esclave sont-ils aussi fixes qu’on le croit ? Des clubs libertins à la mode de New York, lieux de ses premières expériences, aux appartements parisiens cossus où elle officie ensuite, Catherine Robbe-Grillet explore un esthétisme noir centré autour du martyr du Saint-Sébastien, dans une prose soyeuse qui évoque Pierre Klossowski ou André Pieyre de Mandiargues.