Au lendemain des attentats du 13 novembre, la France a dû encaisser un double choc : celui du mode-opératoire des terroristes et du nombre de victimes sans précédent. Puis la semaine suivante, voyant défiler les photos et les nécrologies de ceux qui sont tombés ce soir-là, il a fallu se rendre à l’évidence : c’était nos amis, nos proches qui étaient là-bas. Parmi eux, Hélène Muyal-Leiris, tuée au Bataclan.
Le 13 novembre, et après…
Son portrait qu’on a tous vu sur internet – lèvres rouges, nouveau-né dans les bras - est évidemment bouleversant par la vie qui s’en dégage. Mais aussi parcequ’il accompagnait un texte de son mari, le journaliste Antoine Leiris, intitulé "Vous n’aurez pas ma haine", et qui a très vite fait le tour des réseaux sociaux. Ce jeune veuf, père d’un enfant de dix-sept mois au moment des faits, y laissait éclater sa détresse d’avoir perdu l’"amour de sa vie", son souhait de ne jamais céder à la même ignorance qui a guidé la main des terroristes, mais aussi le quotidien qui doit reprendre pour son petit Melvil.
De la lettre brute au témoignage en surplomb
Près de cinq mois après, Antoine Leiris a repris le chemin des médias pour dire comment il va et expliquer sa démarche : faire de cette lettre brute un témoignage en surplomb des événements, et bien sûr un cri d’amour. Car face à ce chagrin il n’y avait qu’une arme : la plume. L’ouvrage - dont l'auteur se défend qu'il soit une thérapie - porte le même titre, Vous n’aurez pas ma haine, et déroule son quotidien depuis le 13 novembre 22h37, heure à laquelle sa vie a basculé, jusqu’au 25 novembre, lendemain de l’inhumation d’Hélène.
Un porte-voix des victimes du 13 novembre
Malgré le côté intimiste de sa démarche, Antoine Leiris se fait aussi le porte-voix de tous ceux qui ont perdu leur femme, leur mari, leur père, leur mère, leur fils, leur fille, leur sœur, leur frère, leur ami(e) ce vendredi soir-là, au Bataclan ou ailleurs ; à tous ceux qui ont été impliqués de près ou de loin dans les attaques du 13 novembre. Vous n’aurez pas ma haine a aussi le mérite de s’adresser à tous les autres qui ont vécu les choses devant leur télévision : oui, le quotidien reprend le dessus, oui le choc passe, la peur s’atténue mais surtout n’oublions rien.
N.S