Quand la fiction éclaire le passé
Si la fiction peut être une porte d'entrée vers la découverte d'un pan de l'Histoire, la rentrée littéraire des éditions Grasset le prouve avec plusieurs de ses titres, dont Le Livre de Kells de Sorj Chalandon. En exhumant sa propre jeunesse, et plus précisément son arrivée à Paris, c'est le portrait d'une jeunesse engagée et d’une époque violente qu'il nous donne à voir.
C'est aussi son expérience personnelle que décide d'explorer Anthony Passeron dans Jacky. À travers son histoire familiale et son amour des jeux vidéo, l'auteur plonge le lecteur dans une époque révolue : l'insouciance de la fin du XXe siècle.
C'est au début de ce siècle que Pauline Dreyfus, quant à elle, décide de nous emmener. Dans Un pont sur la Seine, avec une plume qui n'est pas sans rappeler celle de Zola, Pauline Dreyfus signe un roman familial de la France, où s'affrontent les mondes agricole et industriel.
Dans Adieu Kolyma, Antoine Sénanque convoque des personnages revenus vivants de la Kolyma, aux confins extrêmes de la Russie. Dans ce roman noir et d'amour, à travers l'usage de la fiction, il nous rappelle une Histoire soviétique pourtant tombée aux oubliettes.
Des voix nouvelles qui réinventent la littérature
La rentrée littéraire des éditions Grasset fait également résonner de nouvelles voix, nous offrant une autre perspective sur le monde. Parmi elles, Séphora Pondi publie pour la première fois : dans Avale, la rencontre fracassante de deux personnages rongés par leurs démons et racontés par une plume aussi éclatante que sensuelle, ne laissera aucun lecteur indemne.
Adélaïde de Clermont-Tonnerre propose quant à elle de poser un autre regard sur l'une des plus grandes oeuvres littéraires : Les Trois Mousquetaires. Dans Je voulais vivre, elle rend hommage à Milady, femme libre menant, pour sa survie, un jeu dangereux qui la mènera à devenir la victime du plus grand féminicide de la littérature française.
Autre voix nouvelle, autre voix féminine : celle de Natasha Brown. Dans Les Universalistes, l'autrice britannique traite le ton journalistique comme un genre littéraire à part entière. Ce faisant, elle souligne l'importance du pouvoir des mots et de celui des histoires.
Enfin, l'autrice argentine Gabriela Cabezón Cámara bouscule son lecteur dans Les Griffes de la forêt. En s'inscrivant dans la tradition du réalisme magique, elle s'emploie à déboulonner le mythe occidental du "Nouveau Monde". En adoptant un point de vue animiste sur la nature et une esthétique syncrétique, elle fait de la fiction une porte d'entrée vers le débat public.
Entre spiritualité et exploration intérieure
La rentrée littéraire des éditions Grasset est aussi le lieu d'interrogations spirituelles et de nouveaux modes de pensée. Feux sacrés de Cécile Guilbert en est un bon exemple : dans ce récit intime et initiatique, l'autrice confronte les grands événements de sa vie et nous montre comment elle a appris à renaître pour mieux vivre.
Catherine Girard puise elle aussi dans son expérience personnelle dans In violentia veritas. Véritable investigation familiale partie de l'énigme du triple assassinat d'Escoire, le livre s'impose comme le chemin vers la vérité.
Dans un univers très sombre mais au lyrisme absolu, Julien Delmaire signe un polar métaphysique saisissant. Dans La Joie de l'ennemi, la spiritualité s'entrechoque avec la corruption et le vice et interroge la masculinité, drogue à la fois euphorisante et toxique.
Enfin, dans La Dame aux oiseaux, François Garde, à travers les voix de quatre personnages, raconte l'histoire d'un amour flamboyant et fracassé. Mélodrame d'ambiance faussement policier et vraiment onirique, le roman laissera songeur chaque lecteur.
Shannon Humbert.