Laurence Tardieu EN UN CLIN D'OEIL :
Laurence Tardieu est l'auteure d'une dizaine de romans, dont Puisque rien ne dure, paru chez Stock et lauréat du prix Alain-Fournier. Son dernier roman, D'une aube à l'autre, est plus que jamais personnel.
POURQUOI ON AIME D'une aube à l'autre :
17 mars 2020. Alors que la France entre en guerre contre le Covid, Laurence Tardieu s'apprête à mener un tout autre combat. Adam, son fils de 4 ans et demi, est atteint d'une leucémie. Il est admis au service des urgences d'un hôpital parisien pour enfants. Un cataclysme pour sa famille qui apprend à vivre dans un pays confiné et à l'arrêt, et au rythme du petit garçon. Cet autre confinement durera 158 jours.
158 jours hors du temps, dans lesquels Laurence Tardieu nous invite à plonger à ses côtés. Avec une plume étonnamment lumineuse, Laurence Tardieu nous fait part de son combat, mais aussi de tous les moments de joie qu'elle et son petit garçon partagent. À l'incertitude des jours à venir et à la peur de la maladie, l'écrivaine oppose la joie brûlante du présent et l'éternel espoir de s'en sortir. Un récit à glisser entre toutes les mains, pour toujours se réjouir d'être vivant.
LA PAGE À CORNER :
Si j'essaie aujourd'hui de regarder en arrière, de revoir le chemin, la terreur me reprend.
C'est qu'il n'y a pas eu de chemin. Nous avons passé chaque heure, chaque jour, mais il n'y avait pas de chemin. Et nous n'avons laissé aucune trace.
Si je me retourne en arrière, c'est un temps sans trace.
Autrefois, c'est-à-dire : avant le 17 mars 2020, je faisais souvent le même rêve. J'étais dans un paysage de montagne, je marchais dans une étendue de neige fraîche, je marchais longuement et ne laissais derrière moi aucune empreinte de pas. Lorsque je me réveillais, le rêve m'obsédait. Je le trouvais beau. J'aurais aimé qu'il se réalise. J'ignorais alors que l'empreinte, la trace, est la marque du vivant. Être au monde, c'est laisser une empreinte.
J'écris ce livre pour tenter de reconstituer une histoire dont j'ai été en partie actrice mais qui, tout du long, m'aura échappé. Dans les semaines qui ont suivi la sortie de l'hôpital, on me demandait parfois de raconter. Je cherchais par où commencer, je cherchais comment dire ça. J'avais chaque fois la sensation d'être aspirée par un tourbillon de poussière, et de moi-même devenir poussière. Je finissais par répondre : c'est irracontable. Au fil des semaines j'ai compris que, sans trace derrière soi, le corps tout entier est comme attaqué de l'intéreur. Cela ne se voit pas de l'extérieur mais, peu à peu, il s'effondre au-dedans, se délabre et perd son centre. Je crois bien qu'il finit désagrégé.
L'urgence, désormais, c'était de reconstituer des empreintes, d'inscrire cette histoire dans un corps. Le corps, ce serait ce livre. (p. 86-87)
DANS LA PRESSE :
De ces 158 jours de guerre contre la mort et la maladie, l'écrivain Laurence Tardieu a fait un récit littéraire d'une force vitale impressionnante, poignant et lumineux en même temps, traversé par ces instants de beauté, de poésie et d'humanité simple auquel on ne prête vraiment garde que dans les pires moments de l'existence.
RFI
À la démesure du combat contre la leucémie, il faut opposer la fol espoir de guérison. Plus qu'un bulletin de santé, ce texte solaire est une déclaration d'amour maternel : "J'ai appris, heure par heure, la traversée de l'indicible ; j'ai appris à être un animal et rien d'autre ; j'ai appris à aimer mon fils, au-delà de tout."
La Croix
Shannon Humbert.