Hachette.fr : Bonjour Clémentine. On va se la faire à la Bliss… Peux-tu nous donner ton nom, ton prénom, ton âge et nous dire de qui se compose ta famille ?
Clémentine Galey : Je suis Clémentine Galey, j’ai 41 ans, je suis podcasteuse et j’habite Paris depuis toujours. Ma famille est composée de mon conjoint, Julien, qui partage ma vie depuis 15 ans maintenant – c’est fou, on est un vieux couple – et de nos deux enfants Pablo, 8 ans et Thelma 6 ans.
Que faisais-tu avant la création de Bliss-Stories ?
Je travaillais dans le milieu de l’audiovisuel. J’ai été assistante à la mise en scène sur des tournages. Puis j’ai bifurqué en production télé, un métier plus posé qui me correspondait plus à l’époque. Je suis partie à New York un an où j’ai commencé à mettre en place mes propres projets tout en étant serveuse dans un restaurant le soir pour payer mon loyer. En revenant à Paris, j’ai animé une émission sur la chaîne Voyage. Un jour, on m’a proposé de faire du casting en télé, un métier sur mesure pour moi qui adore le contact humain et les projets collectifs. Je castais des candidats pour des émissions de téléréalité comme Top Chef. J’avais une grande liberté et je me suis bien amusée. J’ai lancé Bliss-Stories il y a deux ans et j’ai quitté TF1 l’été dernier pour m’y consacrer à temps plein.
Comment est né Bliss-Stories et comment as-tu choisi ce nom ?
Le projet a germé dans mon esprit en discutant avec mes soeurs, des amies, des collègues. J’ai constaté qu’il y avait une vraie urgence à libérer la parole des femmes sur le sujet de la grossesse et de l’accouchement. J'ai monté le projet en parallèle de mon boulot, quand j’avais du temps, quand mes enfants étaient couchés. J’étais tellement convaincue que je n’ai pas compté mes heures, j'ai foncé.
J’ai cherché le nom comme on cherche le prénom d’un enfant. Il fallait un mot dont je ne me lasse pas, que j’aime prononcer, que tu te mets bien en bouche. Bliss, c’est la béatitude, cet instant de grâce qui arrive quand tu mets au monde un enfant. Il fallait un terme pour exprimer ce moment suspendu. C’est un mot anglais certes, mais c’était celui qui convenait le mieux à ce que je voulais transmettre comme émotion. Et "stories", parce que ce sont des tranches de vie et des trajectoires de femmes. C'est comme un prénom composé (rires).
Ta propre expérience de la maternité t'a-t-elle inspirée ?
Je fais partie de ces femmes qui sont arrivées dans une salle d’accouchement sans savoir du tout ce qui allait se passer. Pourtant, ma mère dont je suis très proche, a eu quatre enfants dont des jumelles… mais elle avait juste omis l’essentiel. J’étais moi aussi dans une grande ignorance quant à ma propre maternité.
On parle beaucoup aujourd’hui de cette désinformation autour de la grossesse et du postpartum, on a vu l’émergence récemment du #monpostpartum sur Instagram. Tu as tout de suite ressenti que les témoignages recueillis étaient exemplaires et pouvaient combler ce manque-là ?
Je me suis très vite rendu compte du caractère d’utilité publique de Bliss-Stories. Juste après le lancement du podcast, un bouche-à-oreille incroyable s’est mis en place sur Instagram. Les femmes se transmettaient les épisodes comme une bonne adresse ou un bon plan. J’ai reçu énormément de messages de remerciements pour avoir ouvert cet endroit de parole. Enfin on allait pouvoir écouter les récits vrais de vraies femmes sur leur grossesse, leur accouchement, leur dépression du post-partum, leur descente d’organes, leur galère de PMA, de fausse-couche, d’avortement, de prématurité, de deuil périnatal…
Tu parles d'une communauté Bliss-Stories et même d’une "armée de Bliss-girls"... Tu y mets un élan résolument féministe et contemporain ?
Ma conscience féministe s’est affutée en recueillant tous ces témoignages. Je parle d'une armée car pour moi ces femmes sont des guerrières. Dans chaque histoire de femme il y a un combat personnel mais aussi collectif. J’ai ressenti en enregistrant toutes ces femmes qu’elles étaient toutes reliées entre elles et aux auditrices par un fil invisible.