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04 Octobre 2018
Rencontre avec Benedict Wells autour de "La Fin de la solitude"
Auteur prodige de 34 ans, Benedict Wells est d'ores et déjà une star de la littérature en Allemagne. Il nous présente ici son premier roman traduit en français et disponible au Livre de Poche, La Fin de la solitude. Une saga familiale au croisement entre Harry Potter sans la magie et la série Six feet under.
Jeune prodige de la littérature allemande, comparé à rien de moins que John Irving, Benedict Wells vient d’arriver dans les librairies françaises avec La Fin de la solitude (Le Livre de Poche). Déjà quatrième roman du jeune écrivain mais premier traduit en France, cette saga familiale suit les destins tourmentés d’une fratrie de trois enfants après la mort soudaine de leurs parents.
La Fin de la solitude : "Si l’on perd quelque chose de soi-même, peut-on le retrouver au cours de la vie ?"
De cinq ans en cinq ans sur une trentaine d’années, on va suivre à travers les yeux du plus jeune d’entre eux, Jules, les tentatives parfois désespérées de ces trois êtres pour retrouver ce qu’ils ont perdu dans ce moment tragique et peut-être retrouver la lumière. Dans cet entretien, Benedict Wells nous a répondu comme il écrit et comme il nous transmet l’émotion de ses personnages : avec simplicité, empathie et profondeur.
La playlist de La Fin de la solitude
Grand mélomane, Benedict Wells nous propose aussi d’écouter La Fin de la solitude en musique. Des références qu’il a listées pour nous et qui en disent long sur l’état d’esprit de Liz, Marty et Jules.
Le dernier été : "ce livre a sauvé mon parcours d’écrivain et en quelque sort sauvé ma vie"
Cette maturité et cet art incroyable de la psychologie, Benedict Wells en a fait ses premières armes en écrivant son tout premier roman publié en Allemagne, Le dernier été, tout juste disponible en France chez Slatkine et cie. Il nous en dit quelques mots ici.
"Le dernier été est mon premier roman publié en Allemagne mais en réalité le second que j’ai écrit. Je l’ai écrit à 21 ans. Ce roman a sauvé mon parcours d’écrivain et en quelque sorte ma vie. Je ne recevais que des lettres de refus pour le premier. Je vivais dans un appartement miteux, je n’avais pas un sou. Je n’ai pas fait d’études donc je n’avais pas de filet de secours. Quand on entrait chez moi on me disait « Tu es sérieux, tu ne veux pas faire des études pour avoir une situation ? etc ». Je n’avais rien à répondre. Comme je n’essuyais que des échecs du côté de l’édition, je me remettais à écrire. Et les deux premiers jets n’allaient pas. Après deux ans et demi d’écriture, je me suis dit que si le prochain jet n’aboutissait pas j’allais abandonner l’écriture. AÀ la tentative suivante, j’ai mis tout ce que j’avais. J’y ai rebossé pendant un an. Quand j’ai fini le roman s’appelait La dernière année de Becks. Ça faisait 1500 pages en allemand. C’était probablement illisible mais tout était là. À la fin, qui est à peu près la même qu’aujourd’hui, je me suis dit ok c’est le livre. Je peux couper cinquante pour cent mais c’est le livre. Je le vois. J’ai donc réduit au dernier été. Ça a été un moment fort pour moi parce que finalement, même si le livre avait été refusé, je crois que j’aurais finalement continué. À ce moment-là je voulais quitter l’Allemagne pour aller vivre à Edimbourg pour fuir la pression, mais pour la première fois je me suis dit qu’il fallait que je continue à écrire jusqu’à ce que ça marche. Heureusement je n’ai pas dû attendre trop longtemps. J’ai finalement trouvé une maison d’édition et depuis je vis dans une sorte de conte de fées.
Donc ce livre est vraiment très important pour moi notamment parce que je me suis aussi amusé pendant l’écriture. J’adore les personnages. Je pense même utiliser Beck et Holly dans une autre histoire. Il y a comme une pièce dans ma tête où ils développent leurs propres idées pour une suite. Je déteste les suites mais peut-être que cette fois je ne pourrai pas résister."
N.S