Un jeune profeseur de français visite le camp de Büchenwald avec ses élèves à l'occasion d'un voyage scolaire. Une photo accrochée sur l'un des murs du musée attire son attention : la photo est celle d'un détenu du camp dont la ressemblance avec son père le stupéfie et ne cesse de l'obséder. Il commence alors une enquête qui le conduit dans les archives de Büchenwald et le plonge dans l'horreur des camps. Il finit par découvrir l'identité de l'homme de la photo : il s'appelle David Wagner. Rien en apparence ne lie cet homme à sa famille. Il part donc sur les traces des autres personnages de la photo, tous nazis. Et il apprend que le prisonnier de la photo est en réalité son véritable grand-père. Peu à peu apparaît l'autre famille, la branche cachée, celle dont personne chez les Fabre n'a jamais évoqué l'existence. Les fils croisés entre le passé et le présent tissent pour le personnage principal la trame de ses origines. Toute sa vie bascule à cause d'une photo, à partir de laquelle débute son enquête. De manière instinctive, le jeune professeur a toujours perçu une certaine différence entre son père, lui-même et le reste de la famille Fabre, plus particulièrement son grand-père dont la physionomie est si différente de celle de son fils. Il a toujours cependant joué le jeu du secret de famille, entretenant des relations autant avec son père qu'avec son grand-père. Reste sa violence, qu'il évoque en filigrane après l'avoir clairement et explicitement présentée dans les premières pages : une violence présente dès son enfance qui ne dévoile pas sa source mais dont l'auteur va chercher à connaître l'origine et à nous la faire comprendre. Tout un pan de l'histoire du XXème siècle est présenté à nos yeux, permettant à Fabrice Humbert de s'interroger sur la place du mal, sur les réactions des hommes confrontés aux bouleversements de l'Histoire, face à l'horreur et à la cruauté de leurs semblables, rendus fous et poussés aux actes les plus barbares par le pouvoir et la soif de domination. Les recherches sur son grand-père David Wagner sont l'occasion pour le jeune homme d'une réflexion sur la filiation, suivant en pointillés l'histoire d'une famille d'émigrés polonais qui souhaite juste poursuivre son ascension sociale, une simple histoire individuelle bouleversée et emportée par l'histoire collective. Les passages situés dans le camp de Büchenwald nous font basculer dans l'indicible horreur et la barbarie ; ils sont essentiels en ce qu'ils confortent la théorie de l'auteur sur la violence et ses orgines, lui permettant de remonter le cours de l'Histoire. Une violence que l'on retrouve jusque dans le quotidien du jeune professeur dans ses classes, la cohésion ou l'explosion d'un groupe quel qu'il soit tenant à bien peu de choses...
Bien que le livre, de par son sujet, soit bouleversant, dérangeant, dur parfois, Fabrice Humbert est parvenu à écrire un roman profondément humain, historiquement précis, et psychologiquement très juste, qui nous amène à percevoir que le pardon et la compréhension sont les éléments essentiels pour briser le loi du silence et la violence qui peut habiter les ténèbres de nos âmes humaines, trop humaines...