Un conte de fée d'aujourd'hui, n'est -ce pas, par exemple, gagner une grosse somme au Loto ou à l'Euro Millions?
Pouvoir, tout à coup, satisfaire "la liste de mes envies" ?
Jocelyne a quarante sept ans, elle est mercière à Arras, son mari c'est Jo, Jocelyn, (Jocelyne et Jocelyn un joli titre de conte de fée?) il travaille chez Hägen Dazs. Ils ont un fils et une fille qui ont quitté la maison.
Elle est heureuse avec Jo, bien sûr ce n'est pas la vie dont elle rêvait, quand elle était petite, quand elle écrivait dans son journal....
Mais sa mercerie marche bien. Elle a créé un blog "dixdoigtsdor" qui a beaucoup de succès, où elle écrit "chaque matin à propos du bonheur du tricot, de la broderie, de la couture."
Jocelyne parle avec pudeur de ses malheurs: la mort de sa mère, elle avait dixsept ans quand sa mère s'est brutalement écroulée sur le trottoir, la mort de son bébé, les six minutes de lucidité de son père avant qu'il ne lui redemande son nom.
La liste de ses envies, elle la refait plusieurs fois, une liste hétéroclite, mêlant l'économe, le sac Chanel ou Dior, Belle du Seigneur en Folio, l'écran plat, la Porche Cayenne ( le rêve de Jo).
Jocelyne a joué à l'euro millions, tout à fait par hasard et poussée par ses meilleurs copines, les jumelles qui tiennent le salon "Coiff'Esthétique" à côté de la mercerie.
Une chance sur soixante seize millions et c'est tombé sur elle.
Une chance ou un malheur ?
"La liste de mes envies" a la limpidité mais aussi la force émotionnelle puissante du conte.
Si le décor est bien installé dans la réalité provinciale contemporaine, la fée ou la sorcière " Française des Jeux" fait soudain changer le quotidien de la mercière d'Arras d'un coup de baguette.
Le rose du roman passe au gris, au noir.
Le chèque, elle l'avait placé dans sa chaussure, il faut faire attention aux chaussures dans les contes de fée ! Il y eut vol, traîtrise, désastre, mort .
Y a-t-il une morale à ce conte?
En tout cas une profondeur et une reflexion sur les êtres humains, que les bobines de fils et les broderies nous avaient cachées.