Jocelyne mène une petite existence paisible à Arras, entre sa mercerie et son blog de couture. Son mari, Jocelyn, travaille chez Häagen-Dasz. Ils s'aiment et partent en vacances deux fois par an. Rien ne semble manquer à leur bonheur sans prétention.
Mais un jour, Jocelyne gagne à l'Euromilions. Un peu plus de 18 millions d'euros. Elle décide de garder l'anonymat, de cacher le chèque, de se donner le temps de réfléchir à cette fortune soudaine qui vient bouleverser un quotidien bien réglé. Car après tout, la vie qu'il mène leur convient, ils sont heureux, pourquoi en changer ? Et que changer ? Est-ce vraiment le bonheur que de devenir millionnaire ? Sa première réponse est "non". Pour Jocelyne, la petite mercière, "être riche c'est voir tout ce qui est laid puisqu'on a l'arrogance de penser qu'on peut changer les choses. Qu'il suffit de payer pour ça." Et elle ne veut pas de cela. Alors, elle décide de procéder par ordre, en dressant d'abord la liste de ses besoins, puis celle de ses envies. Elle ne cesse de les corriger, rayant, reprenant, modifiant. "Parce que nos besoins sont de petits rêves quotidiens. Ce sont nos petites choses à faire, qui nous projettent à demain, à après-demain, dans le futur ; ces petits riens qu'on achètera la semaine prochaine et qui nous permettent de penser que la semaine prochaine, on sera encore vivants"...
Il flotte dans la mercerie et la vie de Jocelyne, une certaine tristesse mélancolique, douce et touchante, une ironie douce-amère qui incite le lecteur à se poser de vraies questions nourries de contradictions : dualité des envies et des besoins, du superflu et du nécessaire, des rêves et de la réalité, du gain et de la perte, de l'argent et du bonheur, du superficiel et de l'essentiel. L'humour parfois grinçant et une vraie tendresse habitent ce récit.
Avec "La liste de mes envies", Grégoire Delacourt réussit un très joli roman, parvenant à se glisser avec beaucoup de naturel dans la peau de cette femme à la fois simple et extraordinaire. L'écriture est juste, profonde, pleine d'humanité, de bienveillance, de réalisme. L'épilogue inattendu du livre, en forme de messages envoyés sur le blog de Jocelyne, clôt subtilement ce roman original, tellement contemporain et rafraîchissant.