Félicité Herzog en un clin d'oeil :
Félicité Herzog est l’autrice de trois romans : Un héros (Grasset, 2012), roman autobiographique sur sa famille, en particulier sur son frère disparu et son père Maurice Herzog ; Gratis (Gallimard, 2015), roman d’anticipation dans l’univers des start-ups et de la finance et, Une brève libération, publié cette année à l’occasion de de la rentrée littéraire de Stock et qui fait partie de la première sélection pour le Prix de l’Académie française.
Pourquoi on aime Une brève libération :
Dans son nouveau livre, Félicité Herzog ancre l’histoire familiale dans la Grande Histoire. Dans un souffle romanesque remarquable, elle raconte la France de l’occupation et de la libération, et la rencontre amoureuse entre deux êtres qui n’auraient jamais dû se croiser, mais qui, pourtant, s’aimeront follement.
Printemps 1940. Tout commence dans un milieu aristocratique parisien et un hôtel particulier cours Albert 1er, où le Tout-Paris est reçu en grandes pompes, malgré la guerre. Ce milieu, c’est celui de la famille de Cossé-Brissac, le côté maternel de Félicité Herzog, proche du pouvoir de Vichy. On y suit l’adolescente, puis jeune adulte, Marie-Pierre, la mère de l’autrice. D’un autre côté, un milieu aisé parisien également mais à l’opposé du premier : celui de la famille bourgeoise et juive Nora. Gaston, le père, est médecin et envoie sa famille en Province au moment où les juifs ne sont plus en sécurité à Paris. On y suit Simon, le premier fils, résistant dans l’âme et dans les faits.
Les récits alternent entre les deux milieux, jusqu’à la rencontre fatidique entre Marie-Pierre et Simon. L’écrivaine décrit le destin de deux personnages que tout oppose mais qui ont en commun l’intelligence, le sens de la désobéissance et l’esprit de liberté. Marie-Pierre sabote tout mariage arrangé et réussit à suivre des études universitaires malgré l’opposition parentale. Simon s’engage dans la résistance aux côtés des plus grands dans le Vercors, puis fait partie des premiers à intégrer l’ENA, après la guerre. La rencontre des deux donne naissance à un amour interdit et passionné, qu’ils vivront envers et contre tout.
S’il est question de libération selon le titre même du roman, c’est celle de la France bien sûr, au sortir de cette seconde Guerre mondiale qui a vu le pays basculer dans une période sombre de son Histoire. Mais c’est aussi celle de Marie-Pierre, la mère de l’autrice, qui sort des sentiers tout tracés et hérités d’une longue lignée, et transgresse au nom de la singularité, de la liberté et de l’amour. Un bel hommage que rend Félicité Herzog à sa mère, tout en restituant la réalité, la tension et la dureté de l’époque.
La page à corner :
"Au printemps 1946, Marie-Pierre se rendit au rond-point des Champs-Elysées devant les panneaux d’affichage du Figaro qui annonçaient les résultats du référendum sur une nouvelle constitution. Elle ne s’en faisait aucune idée précise, hormis que le général de Gaulle s’y était opposé. Elle sortait, une fois de plus, d’une discussion tumultueuse avec sa mère qui faisait obstacle à ses projets de préparation du concours de l’agrégation. « Votre chambre vient d’être refaite par un décorateur », lui disait-elle, comme si cela pouvait changer quelque chose à ses aspirations. Elle avait rendez-vous avec un ami, Maurice d’Amécourt.
Un homme brun aux yeux gris-vert apparut devant elle. Il portait une veste de chèvre retournée qui formait un col de fourrure autour de son cou. « Je te présente Simon Nora », lui dit Maurice. « Nous faisons partie de la même promotion à l’ENA. Nous préparons ensemble le concours de l’Inspection. » Entendu parler de lui dans les cercles d’étudiant. Eu vent de son intelligence hors norme. De sa résistance dans le Vercors qu’il taisait. Connu pour sa détermination à servir la France et à rejoindre l’Inspection des finances, renommée pour avoir été, avant-guerre, antisémite par coopération. Pratiquement aucun juif n’y avait été admis avant la guerre. Nimbé d’une aura particulière ; il aura vécu l’histoire, peut-être même l’avait-il faite. Son prestige parmi eux était immense.
Frappée de plein fouet." p.251-252
Dans la presse :
"Cet alliage de souvenirs, de réflexion sur une époque, une société et des familles, est proprement passionnant."
Etienne de Montety - Le Figaro
"Avec Une brève libération, Félicité Herzog raconte un amour impossible durant l'Occupation. Reliant la trajectoire de sa famille à l’histoire collective, Félicité Herzog raconte un amour impossible dans un pays en guerre."
Laëtitia Favro - Le Journal du Dimanche
"Ce roman est la biographie de sa mère, de sa grand-mère, et d’une « caste sans foi ni loi ». Dans ce monde-là, « la filiation était la clé de toute existence ». Marie-Pierre, âgée aujourd’hui de 96 ans, brillante, cultivée, consciente de la faible moralité de ceux qui l’entouraient, s’est débattue et extraite de la lignée. Elle est allée pile là où elle ne devait pas aller en tombant amoureuse d’un Juif, Simon Nora. Il était intelligent, beau, et résistant ; il était romanesque. Elle l’a épousé. Une brève libération peint un Paris mondain et antisémite, mais aussi l’Ecole d’Uriage et le maquis du Vercors. Il est la preuve d’amour qu’une fille, Félicité Herzog, offre à sa mère, Marie-Pierre de Cossé-Brissac."
V.B.-L. - Libération
"Il y a tout juste dix ans, Félicité Herzog avait publié un beau livre assez cruel, et même un peu cru, sur son père, l’alpiniste et ministre du général de Gaulle, Maurice Herzog : Un héros (Grasset, 2012). L’ironie du titre d’alors se retrouve dans celui du roman d’aujourd’hui, Une brève libération, qui prolonge d’une certaine façon les règlements de comptes familiaux, en s’intéressant cette fois à la figure de la mère, Marie-Pierre de Cossé-Brissac… Et c’est passionnant, parce que l’histoire réelle de cette authentique héroïne recoupe celle, faite d’ombres et de lumières, de culpabilités et de brouillards, de la France du XXe siècle. C’est donc le destin d’une femme française qui a le courage de s’extraire des préjugés de sa famille, manifeste très tôt son désir d’indépendance et aura l’audace – folle pour son milieu – de vouloir épouser un jeune homme juif, Simon Nora (son premier mari, avant Maurice Herzog), dont le roman raconte en détail le parcours glorieux de résistant…"
Fabrice Gabriel - Le Monde
Lucile Charlemagne