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16 Février 2023

"Rien à perdre" d'Hanneli Victoire : le parcours initiatique salvateur d'un jeune garçon trans

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"Rien à perdre" d'Hanneli Victoire : le parcours initiatique salvateur d'un jeune garçon trans

Avec Rien à perdre (Stock), Hanneli Victoire signe un premier roman explosif en s'emparant d'un sujet intime et inspirant : le parcours d'un jeune homme trans en quête d'amour.

Hanneli Victoire en un clin d'oeil :

Hanneli Victoire est journaliste. Militant, il a fondé l'association et média Pia Pia autour des cultures LGBTQIA+ et anime le podcast documentaire Ta Reine qui raconte les histoires de personnages, de lieux ou d'événements liés à la culture queer. Rien à perdre, publié aux éditions Stock, est son premier livre.

 

Pourquoi on aime Rien à perdre :

À travers ce roman largement inspiré de sa vie sans toutefois être autobiographique, Hanneli Victoire nous montre les tâtonnements qui mènent à la découverte intime de soi. La narratrice, à la voix aussi poétique qu'explosive, nous embarque au coeur de ses tribulations face à la question, ô combien actuelle, du genre. Elle qui aspire à la neutralité, pour enfin s'arracher à la condition de femme dans laquelle elle ne se reconnaît pas, s'interroge : serait-elle lesbienne ? Au gré de ses rencontres et du milieu queer dans lequel elle baigne depuis son arrivée à Paris, le champ des possibles, loin du modèle hétéronormatif, lui est ouvert. Ce sera à elle, doucement, d'en prendre conscience. Le déclic aura lieu lorsqu'elle fera la rencontre d'Eli, mec trans dont elle tombera amoureuse et qui lui révèlera qui elle est vraiment. Viendra alors le moment de couper ses cheveux, symbole de féminité, et d'oser mener sa vie en toute liberté.

D'un bout à l'autre de ce récit initiatique puissant, la narratrice, qui deviendra narrateur, laisse transparaître une critique féroce des déterminismes sociaux. Parce qu'elle a grandi en Vendée, aux antipodes de cette capitale urbaine dans laquelle elle vit désormais, elle ne peut que constater la scission qui règne entre la province et Paris. Héritière tout autant que méprisante de sa terre natale, elle sait aussi qu'elle ne sera jamais tout à fait parisienne. Tout comme elle vient d'ailleurs de la classe moyenne, dont elle ne parviendra jamais à s'émanciper pour la simple et bonne raison qu'il y aura toujours plus riche qu'elle.

Avec Rien à perdre, Hanneli Victoire signe donc un ouvrage dense, à la fois intime et universel. En racontant le parcours d'une personne transgenre qui trouve enfin sa place et s'autorise à s'aimer telle qu'elle est, ce roman saura résonner dans le coeur de tous les lecteurs.

 

La page à corner :

     Je repense à ma soirée d'hier avec Véra, Léo et Gabriel. Cette question du genre, on adore en parler, on trouve ça chic, on se dit ouverts d'esprit, tolérants. Soyons fluides, soyons hors des clous, soyons mystérieux. La neutralité, bien sûr que je ne suis pas la seule à la vouloir, à la désirer. Je le sais bien, c'est LA question du vingt et unième siècle. Est-ce que tout le monde y pense ? Tout le monde n'est pas comme moi. Tout le monde ne vit pas à Paris, dans le cinquième, à fréquenter de loin le Paname branché et les soirées pédés, à aller voir les films de Cannes, à parler jusque tard de la Sécession viennoise dans des chambres de bonnes en écoutant de la cold wave des années quatre-vingt. Je crois faire partie de la jeunesse arty et j'ai la naïveté de penser que je ne pourrais pas faire autrement. Cliché as fuck parce que c'est si bien d'écouter Kate Bush en buvant du vin à deux balles pour des lendemains qui ne chantent pas, d'être pauvre et cultivé, entre étudiants de gauche, personne ne peut rien nous reprocher. On se dit souvent qu'on a de la chance de se connaître, d'être ensemble à Paris, d'avoir fui nos provinces. Là-bas, les questions de genre n'existent pas. On naît, on vit, on meurt, sans se poser les questions compliquées, à moins d'être pédé, et de devoir partir pour ne pas crever. La famille, les copains d'enfance, l'alcool dans les caves, et les soirées en boîte pour essayer de choper : on les regarde un peu de haut, ceux qui sont restés. On pense à leur musique de merde, à leur gel dans les cheveux, aux strass des filles, aux chemises des garçons, à leurs noms de boîtes pourris, le Diam's, le Manoir, le Village. On en rigole entre nous. Franchement, on n'est pas mieux ici ? La Flash, la Kinder, la Wet et les Jeudis OK, ça a quand même une autre gueule, la techno chic et les crânes rasés, les paillettes qui collent, les bananes et les Doc. (p. 13-15)

 

Dans la presse :

"Hanneli Victoire signe le livre d'amour trans qu'il manquait à la littérature française."
Anthony Vincent, Madmoizelle

"Parcours de transition (notre héros est un jeune homme trans), parcours amoureux, parcours amical. Ou comment, quand on se découvre queer ou qu'on le sait depuis toujours, il devient absolument primordial de se composer une famille de coeur, capable de soutenir, d'accompagner et de ne jamais faire défaut."
Thomas Messias, Slate

 

Shannon Humbert.

Rien à perdre
« 2018. J’ai vingt ans. J’habite à Paris, je fais des études. Et j’ai, au fond de la gorge, l’intime conviction d’une vérité qui se dérobe à chaque souffle. Une petite plaie, que l’air assèche à chaque...
Paru le : 
01 Février 2023

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