Les éditions Fayard nous offre une rentrée littéraire créative et débordante d'imagination qui sonde les tréfonds de l'âme humaine - sans jamais oublier de laisser la part belle aux grands classiques de la littérature.
Avec des si...
Cette année, la rentrée littéraire des éditions Fayard s'autorise toutes les audaces en matière d'imagination. Preuve en est avec Nous sommes cinq, roman de Matias Faldbakken. Alors que la récente disparition de la chienne de la famille Blystad laisse un vide incommensurable au sein du foyer, le père regroupe ses connaissances et donne vie à un mélange d'argile rouge et de fertilisant. À travers ce conte horrifique et piquant, l'auteur norvégien revisite la mythologie du golem pour mettre en garde son lecteur contre le monstre tapi en chacun de nous.
Medhi Ouraoui signe un roman tout aussi haut en couleurs avec Mon fantôme. On y découvre la star des années 1990 Rachid Taha demander à Mehdi, quinquagénaire divorcé et professeur de latin reconnu, d'annoncer au monde sa résurrection. En échange, il lui promet d'exaucer son voeu : retrouver un manuscrit disparu de Cicéron, La Consolation. Avec cette histoire aux premiers airs loufoques, Mehdi Ouraoui raconte le combat picaresque d'un homme ordinaire en proie à des événements extraordinaires.
Marion Messina, quant à elle, imagine une France à bout de souffle en 2025 dans La peau sur la table. Alors que le suicide spectaculaire d'un étudiant devant l'Assemblée nationale réveille les révoltes du pays entier, Sabrina, mère célibataire et institutrice sous pression, ainsi que Paul, docteur en littérature comparée reconverti dans la boucherie en Ardèche, atteignent eux un point de bascule dans leur vie personnelle.
Comprendre ce qui nous construit
La créativité mise à l'honneur par cette rentrée littéraire n'omet cependant jamais de servir à mieux analyser l'âme humaine. Preuve en est avec le nouveau roman d'Ottessa Moshfegh, Lapvona. Marek, jeune berger battu par son père, voit son existence basculer lorsqu'il tue par accident l'héritier du richissime Villiam. Pour se dédommager, le seigneur du village décrète son adoption : il sombre alors dans les travers du luxe et de l'irréligion. Ce faisant, l'auteure américaine dresse l'autopsie du fond de cruauté qui dort en chacun de nous.
C'est à Berlin que nous invite Ingo Schulze dans son livre De braves et honnêtes meurtriers. Paulini, antiquaire réputé pour son flair en matière de livres anciens et rares, assiste à la chute du Mur en 1989. Face à la concurrence d'Internet et à la prolifération de la politique dans tous les domaines, l'obscurantisme l'envahit. Ou comment un humaniste devient réactionnaire, révolutionnaire.
Enfin, Dominique Fabre nous convie à errer avec lui dans un lieu que beaucoup connaissent : Gare Saint-Lazare. Avec des décennies de recul, un homme revient sur les traces de son enfance et de son adolescence dans cette gare qui fait office de refuge, où se croisent mille vies et va jusqu'à offrir l'espoir d'une réconciliation avec la figure maternelle.
Revenir à l'essentiel
Les éditions Fayard placent également leur rentrée littéraire sous le signe de l'héritage et de la transmission en remettant au goût du jour une collection historique de la maison. Fondées en 1857, les éditions Fayard comptent parmi les plus anciennes maisons d'édition françaises. Née il y a plus d'un siècle, la collection "Oeuvres libres" a accueilli les plus grands noms de la littérature française.
Avec une nouvelle collection, cette fois appelée "Libre", les éditions Fayard rendent hommage aux écrivains qui ont contribué à la renommée de la maison. Ainsi, en cette rentrée littéraire, trois oeuvres inaugurent cette collection : Le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier, La Mort à Venise de Thomas Mann et Une journée d'Ivan Denissovitch d'Alexandre Soljenitsyne.
Shannon Humbert.