Les éditions Stock nous offrent une rentrée littéraire placée sous le signe de l'intime : elle nous donne non seulement à voir les recoins de notre psyché, mais aussi ceux de notre époque et de notre monde.
Voyage au coeur de la psyché
Comment nous construisons-nous ? Pour tenter de comprendre ce qui fonde notre personnalité, les éditions Stock nous proposent une rentrée plus que jamais intimiste.
L'enfance détermine en grande partie notre vie adulte. C'est en partant de ce constat que Justine Lévy, dans Son fils, se glisse dans le personnage de la mère d'Antonin Arthaud dont elle imagine le journal : face à un fils aussi génial que fou, quel rôle joue-t-elle dans son état de santé ? Gwenaëlle Aubry interroge elle aussi les répercussions de l'enfance sur l'âge adulte dans son essai littéraire Saint Phalle. Monter en enfance. L'enfance fugitive donne en effet des clés pour mieux comprendre l'artiste que devient Niki de Saint Phalle.
Devenues adultes, Jakuta Alikavazovic et Emmanuelle Lambert peuvent se lire en exemples de cet héritage de l'enfance à travers la relation au père. La première se livre sur l'amour paternel alors qu'elle passe une nuit au musée du Louvre (Comme un ciel en nous), tandis que la seconde rend un vibrant et joyeux hommage à son père décédé dans Le garçon de mon père.
Mais ce qui constitue une famille avant tout, c'est qu'elle est unique. Preuve en est avec la diversité dont témoignent les livres de la rentrée littéraire des éditions Stock. Si Simonetta Greggio décrit l'histoire sombre de sa famille dans son ouvrage autobiographique Bellissima, Constance Rivière met l'accent sur le poids des secrets familiaux dans La maison des solitudes tandis que Clara Dupont-Monod nous conte l'enfance d'un jeune garçon handicapé en donnant la parole à sa fratrie (S'adapter).
Voyage à travers le monde
Si la rentrée littéraire des éditions Stock nous fait voyager au coeur de la psyché humaine et nous questionne sur l'influence de la famille dans nos vies, elle nous exhorte à nous construire par nous-même. Rien de tel pour ce faire que de partir à la découverte du monde.
Dans Continent'Italia, Samuel Brussell nous fait découvrir une Italie aussi personnelle que trépidante. De Florence à Naples, en passant par Rome et Palerme, il nous emmène dans un voyage qui, chapitre après chapitre, s'étoffe de plus en plus de souvenirs. Déclaration d'amour à l'Italie, au voyage et à la littérature, ce nouvel ouvrage traduit avec simplicité et profondeur toute l'intensité de la vie.
Paolo Cognetti, quant à lui, nous emmène dans un tout autre décor. Dans son nouveau roman intitulé La félicité du loup, nous faisons la connaissance de Fausto et Silvia, deux personnages en recherche d'ailleurs qui se rencontrent au coeur du val d'Aoste alors que l'hiver s'installe. Véritable ode à la montagne, à l'amitié et à l'amour, ce nouveau roman promet de nous dépayser.
Voyage à travers notre temps
Si la famille et les voyages participent à notre construction personnelle, l'époque dans laquelle nous évoluons y joue également un grand rôle.
Claire Berest et Christophe Boltanski voient notre époque actuelle comme indéfectible du passé. La première, auteure d'Artifices, met en scène un policier déchu dont l'errance va être interrompue par sa voisine Elsa. Ensemble, ils vont mener l'enquête pour découvrir un passé tragique qui les suit depuis. Christophe Boltanski, dans Les vies de Jacob, décide quant à lui de se plonger dans le passé d'un homme qu'il ne connait pas, mais dont il vient de trouver 369 Photomatons dans un album ramassé aux puces.
C'est avec ce passé que certains essaient de renouer. L'historien Antoine de Baecque, dans Chabrol, s'emploie à nous éclairer sur la vie de ce cinéaste aussi célèbre que méconnu : l'on découvre ainsi un Chabrol inédit, aussi bon vivant que rigoriste et intellectuel. Alain Finkielkraut s'empare, lui, du domaine littéraire dans L'après littérature. Il souligne l'importance de cette discipline dans la société, qu'il voit à son plus grand regret disparaître petit à petit.
Si l'époque actuelle se lit à la lumière du passé, elle peut aussi se raconter au présent. Dans son recueil d'essais intitulé Les routiers sont sympas, Rachel Kushner nous donne les clés pour comprendre notre époque, ainsi que la société américaine. Si le temps se raconte également au présent, c'est parce qu'il peut avoir une dimension universelle : c'est ce que démontre Ondine Millot dans Le candidat idéal, récit d'un fait divers qui prend l'ampleur symbolique d'une tragédie.
Quelle sera votre prochaine lecture ?
Shannon Humbert.